Auteur | Gaume, Jean-Joseph (Monseigneur) |
Biographie |
Un autre écrivain de marque, apologiste de grande science et de grand zèle fut l'abbé Gaume. Jean-Joseph Gaume, né à Fuans, Doubs, en 1802, débutait à Gray en 1833, lorsque son frère-aîné, première victime d'un martyrologe que l'archevêque de Besançon devait continuer pendant quarante ans, dut quitter le diocèse. Gaume ne suivit point son frère à Paris, il trouva abri dans le diocèse de Nevers. Successivement professeur, directeur, chanoine, vicaire général, il fonda plusieurs institutions de charité et, après la publication de ses premiers ouvrages, visita Rome, où Grégoire XVI le créa chevalier de l'ordre de Saint-Sylvestre. Docteur en théologie de l'Université de Prague, membre de plusieurs sociétés savantes, il continua, au retour, d'administrer le diocèse et d'écrire avec succès. Dix ans plus tard, il posait la question des classiques et la soutenait contre la conjuration naissante du catholicisme libéral. Pour ce crime glorieux, il perdit son titre de vicaire général de Nevers ; l'évêque, un orateur de retraites et de missions, avait cru devoir l'immoler à l'aveugle passion de ses adversaires. C'est la marque de toutes les sectes et de toutes les hérésies, qu'elles cherchent des victimes ; et c'était dès lors, et ça a été depuis la pratique constante des catholiques libéraux, toutes les fois qu'un des nôtres s'est élevé contre eux, de vouloir le sacrifice, de chercher même à le déshonorer, chose beaucoup plus facile que de lui répondre. Expulsé de Nevers, Gaume vint à Paris où son frère était devenu vicaire général et passa ses dernières années, aumônier d'une communauté religieuse, dans le travail et la prière. Pour le relever de la disgrâce injuste que lui avait infligée l'évêque de Nevers, Gaume reçut des lettres de grand vicaire des évêques de Montauban et d'Aquila, ainsi que de l'archevêque de Reims : c'était plus d'honneur qu'il n'en avait perdu et ce sont relativement de bons temps ceux où les soldats de l'Église, frappés par derrière, trouvent quelqu'un pour cicatriser noblement leurs blessures. De plus, Pie IX voulut élever Gaume à la prélature et le nomma Protonotaire Apostolique. Gaume, plein de jours et d'oeuvres, mourut vers 1878. Ses oeuvres sont en quelque sorte innombrables. [...] On peut estimer, en chiffres ronds, à cent volumes, les diverses publications de Monseigneur Gaume ; toutes sont inspirées par la foi, éclairées par la science, vivifiées par le zèle apostolique, recommandables par la parfaite orthodoxie et fort intéressantes pour le style. Gaume est un Père de l'Église, digne de figurer même parmi les docteurs. (Abbé Darras, Histoire de l'Église, Louis Vivès, 1888, tome 42e , pp. 351-353.) |